Presqu'ile de la Caravelle en Martinique

La côte Atlantique, « au vent » de la Martinique

La côte Est, côte au vent

Le terme côte au vent, vient du système climatique très régulier que sont les alizés. Ces courants d’air, qui viennent de l’Océan Atlantique, sont en partie responsables de l’ouverture des routes commerciales entre le vieux continent et les Caraïbes. Leur régularité durant une grande partie de l’année, permet de traverser l’océan Atlantique (ce que l’on appelle faire une transat) entièrement à la voile. 

À contrario, l’autre côté de l’île est protégé par la topographie, les reliefs montagneux. Du côté Atlantique donc, le vent souffle quasiment à longueur d’année et cela affecte énormément les paysages. Les espaces non protégés vont avoir des reliefs plus accidentés, les vagues seront plus présentes sur les plages et la végétation doit aussi s’y adapter. C’est pourquoi on rencontre de ce côté de l’île de nombreux bois couchés, ces arbres, dont l’effet du vent régulier a infléchi leur croissance. Mais, vous croiserez également sur votre chemin, des havres de paix, baies paradisiaques où il fait bon pratiquer la voile. 

Le Nord Atlantique

Tartane sur la Presqu'ile de la Caravelle en martinique
Village de Tartane, photo de Pascal Stanislas.

Vous trouverez de ce côté les plus beaux spots de surf. Tartane, petit village de pêcheurs sur la Presqu’île de la Caravelle en est le chef-lieu. Mais pour les compétitions de haut niveau, avec des vagues encore plus grosses, c’est du côté de la ville de Basse-Pointe, plus au nord, que cela se passe. Si de belles vagues peuvent régulièrement se former, c’est grâce à deux facteurs : les vent réguliers créent des ondes qui vont venir “frapper” le deuxième facteur, un élément des fonds marins, en certains endroits ce sera une barrière de corail, en d’autres un banc de sable, ou pourquoi pas un récif artificiel. C’est ce qui va créer le déferlement de la vague, et permettre aux surfeurs de pratiquer leur sport.

La Presqu’île de la Caravelle 

Presqu’île de la Caravelle, photo de Pascal Stanislas.

La presqu’île de la Caravelle est aussi un lieu de balade à pied très apprécié, avec des paysages variés entre mangrove, falaises rocheuses et anse abritée. C’est aussi, avec la partie sud de l’île, le premier élément qui est apparu en Martinique. Il y a 22 à 24 millions d’années, des remontées magmatiques ont créé le massif de Saint-Anne et la Presqu’île de la Caravelle. C’est pourquoi, tout autour de la Presqu’île on trouve des paysages et des couleurs de roches si divers. Il y a des restes très anciens de magma, souvent noirs et durs, puis des couches plus blanches, qui sont d’anciens sédiments océaniques (donc d’origine calcaire), qui sont remontés en surface à la faveur de mouvements tectoniques. 

Mention spéciale pour la Baie du Trésor qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte. Cet espace protégé est l’habitat d’espèces endémiques de la Martinique, notamment le moqueur à Gorge Blanche qui fait partie des espèces protégées car en danger d’extinction. Bien que peu connue, une balade aquatique au fond de la baie, dans la partie où l’eau est plus profonde, peut vous faire découvrir une vie sous-marine dense et colorée. 

Baie du Trésor, photo de Thibault Desplats.

En effet, de ce côté de l’île avec les vagues plus présentes, la plongée est peu développée. Pourtant la barrière de corail qui entoure une grande partie du littoral en fait une zone très riche en terme de biodiversité sous-marine. 

Plus au sud, ce sont les kite-surfeurs qui sont les rois, avec l’emblématique spot de l’Anse Michel et la Pointe Faula. De magnifiques plages à perte de vue, avec une végétation de bord de mer dense, ce qui est des plus agréables pour un pique-nique ombragé, mais aussi pour préserver la biodiversité. 

Ce sont d’ailleurs sur ces plages côte Atlantique que les tortues luths viennent chaque année pondre des centaines d’œufs. 

Les décors paradisiaques des fonds blancs

L’îlet Madame, photo de Alexandre Favre.

Mais cette côte au vent a aussi des espaces protégés que sont la baie du Robert et la baie du François. On y pénètre par une passe, qui était la bête noire des premiers colons européens. En effet, de nombreux hauts fonds, rendaient l’accès aux baies bien périlleux. Exercice beaucoup plus facile pour les indiens Caraïbes, plus à l’aise avec des embarcations beaucoup plus petites, légères et gouvernables.

C’est dans cette zone que l’on trouve les fameux fonds-blancs. Vous avez très certainement entendu parler de la baignoire de Joséphine, et son bien connu baptême du rhum. Mais ce n’est qu’un exemple, bien souvent trop fréquenté, de tous les fonds-blancs accessibles en bateau. Époustouflant par la couleur de l’eau turquoise, fruit d’une eau peu profonde et d’un sable extrêmement blanc car issu de la lente et naturelle désagrégation des squelettes de coraux et autres sources calcaires. D’ailleurs, vous verrez que le sable n’y est pas toujours très agréable sous le pied, les morceaux étant de tailles inégales. 

Un des grands attraits de cette zone, se situe également dans ses îlets. Certains sont habités, et d’autres complètement sauvages. Sur tous vous pourrez observer une grande diversité des espèces, que ce soit d’un point de vue animal ou végétal. Le plus emblématique, mais inaccessible pour sa protection, l’îlet Loup Garou que vous pourrez apercevoir à la sortie de la baie du Robert. Mais les autres îlets des baies du François et du Robert, sont tout aussi stupéfiants, que ce soit pour leurs falaises dites Orgues andésitiques, pour leurs iguanes endémiques (îlet Chancel), et leurs oiseaux migrateurs qui viennent s’y reproduire. 

Le nord Atlantique, jusqu’à son bout du monde, le village de Grand Rivière

Comme son homologue côté Caraïbe, le Nord de la côte Atlantique, est marqué par le relief accidenté lié à ses massifs montagneux récents :  la Montagne Pelée en grande maîtresse des lieux, a soulevé d’anciens massifs un peu plus âgés. C’est pourquoi elle est bordée en son pourtour de mornes eux aussi assez abrupts et parfois instables. Au dessus de la Presqu’île de la Caravelle, les côtes s’enchainent entre falaises abruptes et longues plages de plus en plus noires, en remontant vers le Nord. Cette partie de l’île n’étant pas protégée, la baignade y est souvent dangereuse, avec des vagues et un courant fort. Figure emblématique de cette partie de l’île, l’îlet Sainte-Marie (juste en face de la ville du même nom) et son tombolo, cordon sableux permettant de le rejoindre à pied une partie de l’année. 

Sur la commune de Macouba, communément vue comme la commune la plus au nord du coté Atlantique, on trouve une étrange plage, qui donna lieu à un film éponyme : Nord Plage. Cet ancien quartier a été quasiment entièrement détruit, une fois ses habitants relogés, pour faire face aux dangers de submersions. En discutant avec les anciens ( appelées ici grandes personnes ) on apprendra que les grandes falaises qui enferment ce quartier aujourd’hui désertique, étaient auparavant bordées de plages, permettant de relier les autres villages alentour. La plage à droite des bâtiments en ruines, est une source inépuisable de bois flottés, et de déchets, déposés ici comme une offrande de l’océan, qui a patiemment poli ces plastiques, pour en faire de nouveaux objets.

Cette route du Nord a une fin, car il n’est pas possible de faire le tour complet de l’île en voiture depuis son littoral. Ainsi, tout au Nord se trouve le village de Grand Rivière. Après lui, si vous désirez rejoindre la côte Caraïbe, il vous faudra chausser vos baskets pour une randonnée de 16km. Depuis le port de Grand Rivière, il est possible de voir, au-delà du canal, l’île sœur qu’est la Dominique. 

Article rédigé par : Jessica CHEKROUN

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