La côte Sud de la Martinique
La partie Sud de l’Île fait partie des premiers points émergeants de la Martinique, il y a plus de 20 millions d’année. C’est ce qui explique sa topographie plus plate dans sa partie méridionale. Les côtes, sont ici tournées vers les îles sœurs qui forment la partie basse de l’Arc Antillais, avec en premier lieu, Sainte Lucie, dont nous sommes séparés de seulement quelques dizaines de milles nautiques (40km au plus prés) et dont on aperçois, au loin, la silhouette lorsque le temps est dégagé. Vous y trouverez de longues plages de sables blancs, avec une végétation plus ou moins présente, bien souvent de type xérophile (aimant la sécheresse) tant la pluviométrie peut y être faible, surtout en période de carême.
C’est également ces conditions d’ensoleillement, qui ont fait de cette zone de l’île la plus touristique, faisant peser sur son littoral de très grands enjeux écologiques.
Du Rocher du Diamant à la Baie du Marin
Nous débuterons notre voyage sur cette côte Sud de la Martinique, par la commune du Diamant. Avant d’arriver sur cette iconique plage de sable blanc, traversée par des vagues régulières, arrêtez vous au pied du Morne Larcher, pour être saisi par l’histoire. En effet, à flanc de falaise, au dessus de l’Anse Caffard, se tient le mémorial Cap 110, symbole des atrocités de la traite négrière. Se tient au loin, le rocher du Diamant, vestige central d’un volcan sortie de la mer des Caraïbes il y a 1 million d’années. Plus d’un millier d’oiseaux y trouvent refuge chaque années, certains allant jusqu’à interrompre leur ballet migratoire, tant cet havre est protégé de toute influence humaine. Le courant océanique s’engouffrant entre la côte et le rocher font de la plage du Diamant un lieu de baignade dangereuse, même pour les nageurs les plus avertis. Préférez des jeux dans la mousse des vagues, en veillant à garder pied. Profitez du farniente à l’ombre des amandiers péyi, dans cette foret littoral protégeant sa plage.
La plongée est aussi appréciée autour du Rocher, tant ses tombants sont vertigineux, et les espèces présentent d’une diversité rarement égalée.
En face de Sainte-Luce, se tient, tapis à quelques mètres de profondeurs, un récif corallien détenant la plus forte richesse en espèces corallienne. C’est d’ailleurs, parce que les pollutions anthropiques ont eu par endroit un effet délétère, que L’ASSO-MER, association de protection du patrimoine marin, a mis en place avec la ville de Sainte-Luce un programme de restauration corallienne. Il est possible de plonger sur les dômes accueillant ces nouvelles colonies d‘Acropora Cervicornis avec l’un des nombreux clubs de plongée partenaires du projet.
S’enchainent ensuite, falaises, plages de sables blanc et petite baie abritant quelques mangroves éparses. L’arrivée sur la baie du Marin est saisissante, avec ses milliers de bateaux se partageant l’espace entre le chenal, et les patates de corail ou bancs de sable sous-marins que l’on aperçoit depuis la surface, et qui donne ces milles reflets au bleu de la mer. Dans le fond des trous à cyclone, une discrète mangrove qui a perdu de sa superbe au profit des aménagements humains. Et, surtout, cette langue de sable blanc qui vient presque fermer l’entrée de cette baie : la pointe Marin. On aperçois plus loin les plages de la commune de Sainte Anne.
Du Sud touristique au Sud Sauvage
Cette partie du littoral, associée à la commune de Sainte Anne, est très prisée du tourisme. Les longues plages qui s’enchainent, cochent toutes les cases de la carte postale, avec son eau turquoise, son sable blanc, ses cocotiers, et surtout son affluence à longueur d’année. Néanmoins, dés que vous dépassez la pointe des Salines, vous retrouvez un espace plus préservé. Cette zone, tient son nom du passé, puisque dans l’étang du même nom fut produit du sel au temps de la colonisation (jusque 550 tonnes y fut produit durant la seconde guerre mondiale). Depuis devenue zone protégée, pour sa richesse en biodiversité, elle a obtenu le label RAMSAR (zone humide d’importance internationale) en 2008.
Le paysage est dans cette zone, tantôt désertique, avec de nombreux cactus, ou forêt sèche, tantôt peuplé de palétuviers, avec une côte parfois accidentée, des roches au milles couleurs s’enchainent au rythme de la lente construction de ce que l’on appelle la Savane des pétrifications. Ici, nous sommes sur la partie la plus ancienne de l’île avec un premier socle apparu il y environ 25 millions d’années. Et se cachent ça et là, des fragments de bois fossilisés, moulure naturelle des essences d’antan.
Plus loin, c’est le retour des plages de sable blanc avec une végétation littorale très interessante. On y trouve notamment des parterres de patates bord de Mer. Première barrière contre l’érosion des sols, cette plante vivace, qui rampe sur le sol sableux, nous régale avec ses jolies fleures mauves ne restant épanouies qu’une seule journée.
Lorsque l’on observe une plage fortement colonisée par diverses espèces rampantes, avec un tissus forestier dense à l’arrière, l’on pourrait se rapprocher de la vision qu’on eues les colons, lorsqu’ils ont pour la première fois foulé la Martinique.
Pour profiter de ces paysages, où se côtoient une ambiance désertique, et la richesse sous-marine propre aux Antilles, il est possible de suivre tout ou parti de la Trace des Caps, ou encore de participer à une sortie bateau avec un prestataire professionnel.
Le saviez-vous ?
Les palmiers ne sont pas endémiques à la Martinique. Et si on l’associe automatiquement à notre vision des plages paradisiaques de sable blanc, ce ne sont pas de bons outils pour retenir les substrats, leur système racinaire étant trop peu dense ! C’est pourquoi certaines municipalités, en collaboration avec l’ONF et des associations de protection de la nature, ont mis en place des projets de reboisement des plages, avec des essences dont le système racinaire permet de retenir le sable, et protège ainsi les belles plages de Martinique.